Hyper attachement du chat, quand l'affection vire à la dépendance !

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N’avons-nous pas tous rêvé que notre petit chaton se couche sur notre ventre, dorme avec nous et soit une vraie petite peluche ? Si un chat très affectueux peut être très plaisant et sain, il est important de veiller à ne pas développer un sur-attachement, comportement maladif très néfaste aussi bien pour l’animal que pour le propriétaire.

L’hyper attachement, qu’est ce que c’est ?

De nombreuses idées reçues sur nos amis félins les décrivent comme des êtres dénués de tout sentiment à l’égard de leur(s) maître(s) si ce n’est l’avantage qu’ils peuvent tirer du fait d’être nourris. Tout propriétaire de chat sait que c’est, bien entendu, faux !
Ce qui est vrai, c’est que les félins ont une manière bien spécifique d’éprouver et de montrer leur affection et leur attachement, qui diffère totalement de celle des chiens. Ainsi, il est important de connaître la façon de fonctionner de nos matous, pour ne pas risquer de les frustrer ou d’être, soi-même, blessé.

De nombreux chats sont de véritables pots-de-colle avec leur maître et chez certains, cela vire même à l’obsession et à la dépendance : Il s’agit du syndrome d’hyper attachement du chat.

L’indépendance est une des caractéristiques essentielles du chat.  A la différence du chien, le chat s’occupe parfaitement seul et ne sera bien souvent pas malheureux en cas de période (raisonnable) de solitude, voire même, la cherchera. Ainsi, le chat cherche bien souvent les recoins, les endroits isolés pour se reposer, et a besoin de moments de calme. Pourtant, certains chats ayant un sur-attachement pour leur maître seront parfaitement à l’opposé de ce comportement.

L’hyper attachement se traduit par un besoin excessif et constant de l’animal d’être en présence de son maître. Il ne supporte pas de ne pas avoir de contact physique, visuel, ou d’être dans la même pièce.

 

Comment reconnaître un hyper attachement ?

Tous les chats affectueux ne souffrent pas d’un sur-attachement, fort heureusement ! Cet attachement excessif se traduit par une réelle dépendance, un besoin du chat le rendant malheureux.

Cela va se traduire de différentes façons qui permettent de différencier l’attachement maladif, d’un chat simplement affectueux :

- Recherche permanente et systématique de contact avec vous (se coucher sur vous à tout moment, se frotter à vos jambes constamment et sans raison, vous mordiller les vêtements, les mains, les pieds, vous suivre dans toute la maison…) ;

- Miaulements excessifs pour attirer l’attention ou en l’absence de contact physique ou visuel. Un chat séparé par une porte de vous va alors miauler constamment, il ne supporte pas de ne pas être sur ou collé à vous à tout moment ;

- Malpropreté, vomissements notamment en votre absence (chat qui urine sur le lit, dans les coins, afin de montrer son chagrin et son mécontentement de l’absence) ;

- Anxiété disproportionnée lors qu’il sent votre départ. Il se cache, fait des bêtises qu’il ne fait jamais, montre des signes d’agressivité ;

- Bêtises et dégâts anormalement nombreux en votre absence ;

- Hyper-toilettage. La toilette est une partie essentielle de la vie de nos félins, cela leur permet notamment de se rassurer et leur apporter un bien-être. C’est justement ce qu’un chat ayant un sur-attachement va faire à l’excès pour se calmer et évacuer son anxiété du fait de votre absence et cela entraîne alors des plaies et des chutes de poil ;

- Dépression (problèmes d’hygiène, manque d’activité, signe d’agressivité, passivité excessive ..).

Il n’est pas nécessaire que votre animal regroupe tous les symptômes et l’intensité du trouble diffère d’un animal à l’autre, mais ce genre de comportement doit attirer votre attention et votre surveillance sur l’évolution de la situation.

 

D’où vient le sur-attachement ?

Les chats sujets à des troubles affectifs ont très souvent le même point commun : Un sevrage inexistant ou insuffisant. En effet, le sevrage est probablement le point le plus important en cas d’adoption d’un chaton qui déterminera le reste de sa vie, et de la vôtre.

Le sevrage se définit par l’indépendance du chaton à l’égard de la mère. On croit bien souvent que le sevrage est effectué dès lors que le chaton mange une nourriture autre que du lait maternel et sait se nourrir de croquettes ou de viande, chose qui intervient généralement entre 5 et 8 semaines. Cela est en partie vrai mais incomplet, car le sevrage ne concerne pas que l’alimentation du chaton.

En effet le sevrage passe également, voire essentiellement, par le comportement du chaton. Sa mère va alors lui apprendre à faire ses besoins, les recouvrir, faire ses griffes, se laver … et également l’autorité. Lors de leurs séances de jeu, la mère va lui imposer des limites et des punitions permettant au chaton d’apprendre la frustration, le contrôle et à savoir interpréter les gestes d’autorité.

En réalité, un sevrage total dure aux alentours de 12 semaines et se termine par un rejet du chaton par la mère, qui ne s’occupe plus de lui et lui impose une autonomie forcée.

C’est bien souvent ce point là qui fait défaut chez les chats sujets à un hyper-attachement.

Parfois, le manque de sevrage n’est pas un choix personnel du maître qui trouve un chaton abandonné et qui n’a d’autres choix que le récupérer sans possibilité de finir son éducation. Il est alors possible de se substituer à la mère en nourrissant le chaton au biberon et en faisant une partie de son éducation soi-même, mais il est alors essentiel d’effectuer une sorte de rejet du chaton, essentiel pour son bien-être futur.

Bien souvent, un chaton souffrant d’hyper attachement n’aura pas eu de rejet suffisant quant à l’affection maternelle, le forçant à une autonomie indispensable pour sa santé.

 

Comment anticiper et guérir le sur-attachement ?

Il est possible de prévenir au maximum tout risque d’affection maladive de la part de votre chat ou de la soigner en cas de symptômes déjà présents.

Si vous avez le choix, privilégiez un sevrage de 12 semaines (3 mois) avant d’adopter un chaton. Même si l’attente peut être parfois frustrante, c’est un service immense que vous rendrez à votre chat, et à vous-même !

Si vous avez déjà dans vos bras un petit chaton que vous savez avoir été retiré à sa mère trop tôt (un sevrage de 8 semaines peut parfois être suffisant, mais cela dépend de chaque chaton) et qui manque encore d’éducation affective, respectez quelques règles importantes :

- Ne pas hésiter à le réprimander et imposer des règles strictes (lui montrer les endroits où faire ses griffes, où faire ses besoins, ne pas mordre les mains…). Inutile en revanche de lui hurler dessus, une prise par la peau du cou accompagné d’un « non ! » suffit à lui faire comprendre, progressivement, ses bêtises.

- Ne pas tout lui autoriser en toutes circonstances : Il est parfaitement normal de câliner, caresser et faire dormir son chat sur ses jambes, c’est même très bénéfique pour leur développement. Il faut cependant savoir imposer des barrières afin que l’affection ne tourne pas en dépendance (ne pas le laisser vous grimper dessus quand vous êtes debout, ne pas lui ouvrir une porte que vous vouliez fermée sous prétexte qu’il miaule derrière, ne pas le laisser manger dans votre assiette, ne pas le laisser dormir avec vous *…).

- Lui imposer des moments d’autonomie : Il est très important de jouer avec votre chat pour développer vos liens avec lui et lui apporter un bien-être fondamental. Cependant, il faut qu’il apprenne à jouer en autonomie, à s’occuper seul et à avoir ses propres activités. N’hésitez donc pas à investir dans des jeux avec lesquels il peut jouer seul, et à parfois l’isoler de vous un moment pour qu’il apprenne à être seul.

Si votre chat souffre déjà de problèmes de sur-attachement, il est important d’appliquer les quelques conseils expliqués en imposant des limites progressives combinées avec des marques d’affection régulières. Il n’est pas facile d’imposer ces règles et « rejeter » votre chat que vous voyez souffrir de votre absence, mais dites vous bien qu’il  s’agit d’un service que vous lui rendez, ainsi qu’à vous !

Cette transition doit être progressive, cela prend du temps et au besoin, consultez votre vétérinaire afin qu’il prescrive éventuellement un antidépresseur ou un anxiolytique pour chat afin d’accompagner le détachement progressif et calmer les symptômes.

Une relation saine et équilibrée apportera apportera un bonheur maximal à vous, et à votre boule de poil !

* De nombreux chats dorment avec leurs propriétaires et cela ne posent pas de problème mais dans la majorité des cas, il est important que cela se fasse une fois le caractère du chat stabilisé et son comportement à votre égard sain. L’éducation d’un chat se fait tout au long de sa vie mais surtout la première année, il est alors essentiel d’être plus strict et rigoureux durant cette période.


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